La communauté internationale a commémoré hier la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues. L’Assemblée générale des Nations unies avait décrété, depuis 1987, le 26 juin Journée mondiale de mobilisation contre l’usage de stupéfiants et ses répercussions.
Contrairement aux séries populaires qui ont voulu montrer les trafiquants de drogue sous un jour attachant. Pablo Escobar, El Chapo et leurs acolytes ne le sont pas le moins du monde. Ce sont des criminels sans foi ni loi, à la tête d’organisations transnationales, tentaculaires violentes et armées. Ils produisent toutes sortes de drogues à une cadence infernale, remuent l’argent à la pelle et bâtissent des empires sur le malheur des autres. Ils éliminent, sans état d’âme, concurrents, collaborateurs traîtres ou supposés comme tels, policiers et militaires, évidemment, journalistes coupables de fourrer leur nez là où il ne faut pas, et hommes politiques qui ont l’outrecuidance de leur tenir tête. Avec des résultats mitigés, plusieurs pays d’Amérique Latine sont entrés en guerre, depuis des décennies, contre ces cartels puissants et malfaisants.
En Europe, le trafic de stupéfiants ne s’est pas institutionnalisé. Certains pays, villes et ports européens sont devenus, toutefois, de véritables plaques tournantes du trafic mondial de drogues et du crime organisé. De grandes villes européennes et même de taille moyenne sont rongées par le trafic et la violence. Les narcotrafiquants, depuis des pays tiers et parfois de leurs cellules, enrôlent des hommes de main de plus en plus jeunes et des tueurs à gages recrutés sur le Net. Phénomène récent et inquiétant, quelques officiels, fonctionnaires de police et personnel des ports ont été pris dans les filets des trafiquants, et démasqués. Des affaires de grande corruption sont devant les tribunaux.
La drogue est désormais considérée, avec le terrorisme, comme la grande menace qui pèse sur les pays. La Tunisie a mille et une raisons de vouloir s’en prémunir. Et s’il ne se passe pas un mois, une semaine, sans que des saisies plus ou moins importantes soient faites, les sanctions et les peines ne doivent pas être les mêmes. Intraitables vis-à-vis des trafiquants et des dealers et moins répressives avec les consommateurs. Combattre la consommation par la prison, nous l’avons vu, n’a pas été véritablement efficace. Avec à la clé, des milliers de vies brisées. Des consommateurs passés par la case prison, à cause d’un joint, ne se sont plus remis depuis.
Ainsi, l’amendement de la loi 52, conférant aux magistrats un pouvoir discrétionnaire, leur permettant de prendre en compte les circonstances atténuantes est bénéfique. Cela reste insuffisant, néanmoins. Le pouvoir discrétionnaire a pour avantage de laisser au juge le soin d’utiliser son jugement pour prendre une décision adaptée. Sauf qu’un juge peut être sensible à la question et un autre peut se montrer très dur. D’où la limite de l’exercice. Il faudra, en contrepartie, multiplier les centres de désintoxication et les campagnes de prévention contre les addictions. Et plutôt que condamner, aider les jeunes consommateurs de manière intelligente, patiente et médicale, si besoin. Le résultat n’est pas forcément garanti à 100%, mais des vies peuvent être sauvées.